Je ne suis pas soeur Emmanuelle - Carine Tardieu

Un lieu : une supérette, un acte : le vol d'un paquet de chewing gum et une voix : une voix intérieure qui porte tout le poids de la culpabilité. Non, la narratrice n'est vraiment pas sœur Emmanuelle, elle n'a jamais été complétement désintéressée, dévouée et si elle est généreuse c'est pour mieux se faire valoir. C'est un long réquisitoire qu'elle se lance à elle même et puis d'autres reproches, plus violents, surgissent. On comprend l'identification récurrente à la religieuse : un glissement s'opère entre sœur Emmanuelle et sa sœur dénommée  Emmanuelle, décédée il y a 2 ans à la suite d'un accident.

De son ancienne fratrie, elle garde le souvenir de leur chamailleries, également une pointe de jalousie - elle,  sa sœur si parfaite. Elle se remémore l'après accident - le sentiment de n'être plus rien aux yeux de ses parents chamboulés par le chagrin. Et puis elle se rend coupable d'avoir fait semblant de pleurer à l'enterrement car les larmes ne voulaient pas venir.

Un roman sur le deuil, la culpabilité qui pèse, sur les choses que cette jeune fille ne s'est jamais dites et qui s'impose à elle comme une catharsis. C'est aussi le récit d'une adolescente dans tout ses questionnements identitaires, ses retranchements et ses prises de risques. Et comme pour alléger le discours, le texte n'est pas dénué d'une petite pointe d'humour.

Un roman très fort, qui se lit dans un souffle. Une collection qui m'intriguait depuis longtemps et qui ne m'a  vraiment pas déçue ! A lire de toute urgence !

Paru le 18 mars 2009 - Actes Sud Junior (D'une seule voix) - 61 p. -7,80 euros